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Blaeu's map of Hampshire has descriptive text about the
county on the reverse:-
HANTSHIRE.
LA Comté de Wilton à pour voisine celle que
les Saxon appelloyent autresfois Hanteschyr, à
present vulgairement Hanshire, la partie mediterranée
de laquelle a sans doubte appartenu à nos Flamans,
la maritime aux Regnes, ancien peuple de Britannie. De
l'Occident elle attouche Dorsett & Wilton, du Midy
l'Ocean, de l'Orient Sussex & Surry, & du
Septentrion Bercher. C'est une petite Province fertile
en productions de la terre, agreable en quelques endroits
pour l'espaisseur des forests, riche en delicieux
pasturages, & heureuse pour les commodités
maritimes, par ce qu'entrecoupée de reflux frequents
elle est extremement propre au commerce. On croit qu'elle fut
des premieres reduicte soubs la puissance des Romains, car
nos histoire racontent que Vespasien la subjugua, & il y
a des raisons assez probables pour le croire. Car Dion
tesmoigne que Plautius & Vespasien, attaquans la
Britannie soubs l'empire de Claude, partagerent leurs troupes
en trois, de peur que tous leurs vaisseaux abordants en un
mesme lieu ne fussent empeschéz d'approcher du rivage.
Et Suetone nous apprend que Vespasien combattit trois fois
avec l'ennemy en ceste expedition, & qu'il mit soubs de
joug, l'Isle Vliaras, qui est vis à vis de ce
terroir, & deux puissantes nations. Pour
lesquelles victoires, & ses voyages de l'Ocean,
Valerius Flaccus le publie plus heureux que Caesar, &
luy parle en ce termes.
O tu pelage cui major aperti
Fama, Caledonius postquam tua carbasa vexit
Oceanus, Phrygios prius indignatus Iulos.
C'est à dire:
O toy qui t'es fait renommer
Par toute la terre habitable
Pour avoir mesuré la mer
Aux autres guerriers redoubtable,
Alors que tes puissants vaisseaux
Se sont fait voye sur les eaux
De l'Ocean Caledonique,
Qui n'avoit voulu devant toy
Ouvrir un chemin pacifique
A Caesar qu'il remplit d'effroy.
Et Appollonius Collatius Navariensis a chanté de luy
Ille quidem nuper faelici Marte
Britannos Fuderat.
C'est à dire:
Il avoit depuis peu par de combats
heureux Surmonté des Anglois les efforts genereux.
Dion & Forcatule vous diront comme en ceste guerre,
Tite delivra son pere Vespasian du milieu des Britanniens,
qui le tenoyent estroitement assiegé, comme un
serpent l'embrassa alors sans luy faire mal, ce qu'il prit
pour un presage qu'il seroit Empereur. De moy je poursuivray
mon entreprise, & ayant commencé par les
limites d'Occident de ceste province, je parcourray
premierement la contrée maritime, & les fleuves
qui s'y respandent, puis ses parties interieures.
Proche les frontieres Occidentalles Aven coulle mollement
dans son canal, & aussi tost qu'il commence
à moüiller ce champ, il rencontre le gué
de Cerdic, jadis Cerdicks-ford, puis aprés
Cerdeford, maintenant Chardford, ainsi nommé de
Cerdic Saxon, vaillant guerrier. Car ce Cerdic combattant en
ce lieu contre les Britanniens les affoiblit si fort, que
non seulement il estendit les limites de sa domination,
mais aussi laissa à ses successeurs une guerre
facile à achever. Ayant desja auparavant
surmonté en ces mesmes quartiers par des grands
efforts d'armes Natanleod puissant Roy des
Britanniens, appellé de quelques autres Nazaleod, du
nom duquel il y a en une petite region aboutissante à
ce lieu, appellée Natanleod, ainsi que nous
lisons és Annales des Anglois-Saxons, laquelle
j'ay recerchée curieusement, mais je n'ay
descouvert jusques à present, mesme le moindre vestige
de ce nom, & ne puis deviner quel a esté ce
Natanleod. Il est bien vray qu'en ce mesme temps Aurele
Ambroise combattit avec divers succéz contre
les Britanniens en ceste contrée; duquel les Annales
des Anglois-Saxons ne font (sic) point mention, &
j'ay remarqué que ceste nation trop passionée
pour son honneur, ne publie que les battailles qui luy
ont esté avantageuses, & voile du silence, celles
qui ne luy ont pas esté favorables. De là ce
fleuve coulle par Regnevood, ou Ringuvood, dans le registre d'Angleterre Rincewed, en latin Regnum, lequel nous croyons
estre le bourg des Regnes dont Antonin fait
mention, persuadéz par la description du chemin qui
s'y accorde, par les reliques de son nom, & par
la signification. Car Ringuood par une addition Saxone,
semble signifier la forest des Regnes. La Centurie qui luy
est voisine, nous fait juger qu'autresfois il estoit
bien renommé, parce qu'elle en porte le nom
maintenant. Il n'est celebre que pour son marché
assez frequente, Aven sortant d'icy donne place dans son
lict à Stour fleuve qui descend des Durotriges,
& à l'endroit où il unissent leur course,
est un petit marché bien hanté,
appellé aujourd'huy d'une Eglise dediée
à Christ, Christ-church, & jadis, à cause
qu'il est situé entre deux fleuves, Zwinamburne, au
mesme sens que les Interamna d'Italie. Autresfois il
estoit fortifié d'un chasteau, & orné
d'une ancienne Eglise de Prebendiers, bastie au siecle
des Saxons, par Radulphe Flammard Evesque de Dunelme (qui y
avoit esté Doien,) restaurée soubs le regne
de Guillaume le Roux, enrichie de grands revenus par Richard
de Ripariis, Comte de Devone, auquel le Roy Henri Premier
avoit donné ce lieu à fief, & qui fut en
grande estime jusques au temps du Roy Henri VIII,
& dés ceste dernier heure, de tous les Monasteres
de ce Royaume. Au dessoubs de ce marché Stour &
Aven se jettent dans la mer par une mesme
embouchure, Ptolemée l'appelle embouchure du fleuve
Alaun & avec raison. Car je ne puis m'obliger à
croire qu'Aven ait esté le propre nom de ce
fleuve, veù que c'est un nom commun, & qu'en la
langue Britannique tous les fleuves sont designez par
ceste diction. Et j'estimerois qu'anciennement il estoit
dict Alaun parce qu'és vilages prochains, on voit
les reliques de ce nom, comme en Allinton, Allingham &c.
Au rivage Oriental de ce fleuve Guillaume le Normand ayant
fait abbattre au long & au large les bourgs, les vilages,
les Eglises, & chassé les miserables
habitans, couvertit l'espace de trent mils plus ou mois
en repaire de bestes sauvages, & forests que nous
appellons Newforest, les Anglois en ce siecle-là
le nommoyent Ytene. Guautier Mapée, non
esloigné de cet áage-là, a dit de luy.
'Le Conquerant a osté à Dieu & aux hommes,
leur terre, pour la donner aux bestes & aux es bats
des chiens; il en a extirpé trente six Eglises
matrices, & en a exterminé le peuple.' Il fit cecy
ou pour rendre la accés de Normandie en Angleterre
plus asseuré (car elle est vis à vis la
Normandie) si, ayant presque achevé la guerre, la
tempeste de menaçoit derechef; ou pour le plaisir de
la chasse, on à dessein de tirer de l'argent de
tous costés. Car, plus humain aux bestes qu'aux
hommes, il ordonna une grosse amende pecuniaire, &
d'autres supplices tres griefs, à quiconque chasseroit
en ces lieux. Mais la vengeance divine ne manqua point de punir ceste action. Car Richard son second fils, & Guillaume
le Roux Roy d'Angleterre, un sien autre fils, perirent en
ceste forest; celuy-cy transpercé fortuitement
d'une flesche, par Gautier Tirell, celuy-la
empoisonné d'un air pestilentieux. Henri petit fils
de Robert son aisné, poursuyvant obstinément
une beste en ces bois, mourut, pendu aux branches des
arbres, & ces issues tragiques nous apprennent que les
enfans sont souvent chastiéz pour les pechéz
de leurs parents: On cite communement des vers de I.
Withe Evesque de Winthon, sur ce suject, lesquels, encor
qu'ils attribuent faussement ce fait à Guillaume le
Roux, toutesfois puis qu'ils agréent à
plusieurs, je les allegueray icy;
Templa adimit divis, fora civibus, arva colonis
Rufus, & instituit Beaulensi in
rure forestam;
Rex cervum insequitur, Regem vindicta, Tirellus
Non bene provisum transfixit acumine ferri.
C'est à dire:
Le Roux a pris aux saincts eglises anciennes,
Les villes aux bourgeois, l'avarice a
fait siennes
Les terres de Beaulieu, qu'il convertit en bois.
Mais poursuivant un cerf la divine vengeance
Poursuit ce criminel, & par inadvertance
Tirell, d'un dard le perce, & le met
aux abois.
Il appelle ce champ Beaulense, parce que le Roy edifia
tout proche un petit Monastere dict Beaulieu à cause
de sa belle situation, lequel a este celebre jusques à
la memoire de nos peres. C'estoit un Asyle inviolable, &
une retraicte asseurée pour les refugiéz, d'ou
il n'estoit par licite de retirer les homicides les plus
mechans, ou les criminels de leze Majesté, &
les nostres tenoyent que le faire, c'estoit pecher. Desorte
que nos ancestres establissant ces Asyles, ou temples
de misericorde en divers endroits d'Angleterre, semblent
s'estre proposéz Romule pour exemple, plutost
que Moïse, qui avoit ordonné qu'on arrachast
de l'autel & qu'on fist mourir celuy qui auroit commis
un homicide à dessein, & n'avoit accordé
ceste franchise qu'a ceux qui avoyent tué
sans dessein.
Mais afin qu'un si grand espace de terre ne demeurast
depourveu de deffence, & exposé aux ennemis,
Henri VIII commença à le fortifier. En la
petite langue, qui s'advance asséz loin, d'où
on passe en peù de temps à Vliaris, il bastit
le chasteau Hurst, qui menace la mer de tous costés.
Plus vers l'Orient il edifia encor un autre Fort qu'ils
appellent Calshot, au lieu de Caldshore pour commander sur
le port de Southanton. Car icy les rivages faisants une longue retraicte, le port en devient plus beau, ayant vis à
vis de soy l'Isle Vliaras. Ptolemée le nomme
l'embouchure du fleuve Trisanton, comme je pense, au lieu
de Traith Anton, c'est à dire reflux d'Anton.
Ninnius ancien autheur luy donne presque le mesme nom quand
il l'appelle l'embouchure de Trahannon. Le fleuve qui
ce descharge dedans, dict aujourd'huy Test, au siecle
precedent, comme on lit és vies des saincts, Testan;
& jadis, Ant, ou Anton, a esté nommé
Antport, Andover, & Hanton, ainsi que les bourgs voisins
le tesmoignent. Et je suis bien esloigné de croire
qu'il ait tiré son nom de Hammon Romain, qui
fut tué en ce lieu: ce que toutesfois Manumethensis
veut faire passer pour verité, & ce qu'un
poëte qui a adjouté soy à cette fable,
declare en ces vers,
... ... Ruit huc, illucque ruentem
Occupat Arviragus, ejusque in margine ripae
Amputat ense caput, nomen tenet inde perempti
Hammonis Portus, longumque tenebit in aevum.
C'est à dire:
Arvirague sur luy fond comme une tempeste,
l'Arreste, le saisit, & luy tranche la teste
Sur la rive d'Hammon fort celebre aujoud'huy,
Et qui tiendra long temps le nom qu'il tient
de luy.
Sur ce port il y a une petite ville dicte South-hanton, non
loin de laquelle une autre de mesme nom fleurissoit jadis,
vers l'Orient d'esté, appellée dans
l'Itineraire d'Antonin CLAUSENTUM, ainsi que d'une part
la distance de Regne, & de l'autre la distance de Vente
le fait conjecturer: & comme Trisanton signifie
reflux d'Anton, ainsi Clusentum est interpreté
en Britannien le port d'Enton, car j'ay appris que parmi
les Britanniens Claudh avoit le mesme sens que [ ] parmi
les Grecs, c'est à dire, port basti de
terre remuée, & personne ne doit doubter que ce
lieu n'ait esté dict Hanton & Henton, veu qu'au
livre du revenu d'Angleterre, redigé par
Guillaume Premier, tout le champ est dict Hantsscyre,
& ailleurs Henscyre, & le bourg de sa situation
Australe Southanton. Il n'est pas facile de dire de
qu'elle façon il estoit, il estoit situé en
cet endroit, où est le champ dict à present
de saincte Marthe, il semble avoir attouché le port,
& occupé l'autre rive du fleuve, car un peù
au dessus à l'opposite à Bittern,
François Mils, homme vertueux qui à la sa
maison, m'a monstré les debris, mazures,
& fossés d'un ancien Chasteau, qui contient
cinquantes pas de circuit, & qui est environné
d'eau de trois costés, quand le reflux de la mer
retourne. Les pieces de monnoye des Romains qu'on y
rencontre foüissant la terre, prouvent tellement son ancienneté, que si ce n'estoit point le chasteau
de Clausent, du moins c'estoit unedes fortifications que
les Romains avoyent posées au rivages de l'Ocean
à la partie meridionalle (comme dit Gildas) pour
reprimer les brigandages des Saxons. Alors que les
Danois ravageoyent & ruinoyent tout, l'ancien Hanton
fut aussi abandonné à leurs pilleries l'an
du Seigneur DCCCCLXXX, [ ] aux temps de ce Guillaume
premier, pour parler selon le Style de son livre, le Roy
avoit en ce bourg 80 homme en Domaine. Mais il n'y a pas
deux cents ans, alors qu'Edoüard III Roy d'Angleterre,
& Philippe de Valois disputoyent par les armes pour
la souveraineté du Royaume de France, qu'il
fut bruslé par les François, & de ces
cendres sortit aussi tost une petite ville qu'on voit
maintenant située entre deux fleuves, celebre pour
la multiplicité & structure de ses edifices,
les richesses des habitants, & le concours des
marchands, entourée d'un double fossé, de
fortes murailles, & de bouleverts, peu distants les uns
des autres, & pour la conservation du port, Richard
Second fit eslever un chasteau de pierre de taille.
La reno~mée ne doit jamais taire l'action memorable
que le puissant Canut Roy d'Angleterre & de Danie, fit en
ce lieu, par laquelle il ferma la bouche à un flateur
qui disoit que toutes choses se conformoient à
la volonté des Rois. 'Il fit mettre son siege'
(dit Huntingdon) 'sur le rivage de la mer lors qu'elle
montoit. Et dir à cet element, tu es sous mon
empire, & la terre sur laquelle je suis assis est
mienne, & persone n'a impunement resisté à
mon vouloir. Je te commande donc de ne point empieter sur
ma terre, & de ne point moüillier les habits ny
les membres de ton Seigneur. Mais un flot se
lança incontinent sur ses pieds. Luy se retirant, dit
que tous les mortels sachent, que la puissance des Rois est
vaine & frivole, & que personne n'est digne de porter
le titre de Roi, si non celuy à la volonté
duquel, le Ciel, la terre, & la mer obeissent par des
loix eternelles: & depuis jamais il ne porta
la couronne.'
Test un des deux fleuve qui tiennent les costés de
ceste ville, est à l'Occident, autresfois comme
je conjecture, il s'appelloit Anton. Sortant de la forest
Chute il va premierement à Andover, en Saxon
Andeafaren, c'est à dire ...
[more is presumably on the next page, not on the reverse of
the map.]
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